Si tu lis le blogue depuis déjà un bout (et surtout si tu me suis sur Instagram), tu sais que j’aime beaucoup remettre en question les «opinions populaires», les croyances répandues, les choses qu’on prend pour acquises, surtout dans le domaine du cycle et du bien-être menstruel.
Dans cet article, j’ai envie d’apporter mon regard nuancé et de te partager 5 de mes opinions impopulaires à propos du cycle menstruel.
PS : Saches que je suis toujours ouverte à la discussion qui se fait dans le respect. Ne te gêne surtout pas pour me faire signe sur Instagram ou par courriel pour échanger avec moi 🙂
1- Non, le congé menstruel, ce n’est pas la solution miracle
Depuis son adoption en Espagne récemment, on parle beaucoup du congé menstruel dans les médias. On présente aussi cette option comme une «solution magique» pour régler tous les problèmes que vivent les personnes menstruées sur le marché du travail.
Oui, mais non. J’ai déjà abordé la question sur le podcast avec Karine Côté-Andreetti, donc je vais synthétiser ici. En fait, le congé menstruel est une excellente idée en pratique : permettre aux personnes menstruées de prendre congé avant ou pendant leurs règles pour diminuer leurs douleurs physiques et/ou psychologiques et alléger leur charge de travail.
Par contre, ce concept n’est pas nouveau. Il est en vigueur, entre autres, au Japon et en Indonésie depuis plusieurs décennies et on peut constater que ça ne fonctionne pas comme prévu. Une infime partie des personnes qui y ont droit l’utilise, souvent par honte, par gêne, par peur de perdre des opportunités d’avancement ou de vivre de la discrimination.
J’ajouterais que c’est une bonne idée d’offrir un congé aux personnes qui saignent. Par contre, il faut d’abord s’assurer que le milieu de travail (et la société en général) est ouvert et disposé à changer ses mentalités sexistes et capacitistes.
2- Non, tu n’as pas besoin de faire des rituels pour célébrer et adorer tes menstruations
Pour beaucoup de personnes, les menstruations peuvent être un moment de deuil (l’annonce d’une grossesse qui n’arrivera pas), de souffrance physique et/ou psychologique et la dernière chose dont elles ont envie, c’est de célébrer.
Et c’est 100% valide et parfaitement correct. Tu n’as pas besoin d’être en amour ou en parfaite symbiose avec tes menstruations pour prendre soin de ton bien-être menstruel. Bye bye l’image d’une femme au bord de l’orgasme sur son cheval blanc courant sur la plage #pubdetampon. L’objectif, c’est d’arriver à une émotion neutre face à tes menstruations.
Et si tu les aimes, good for you, boo! Profites-en, mais garde en tête que chaque expérience est unique et valide.
3- Non, les produits menstruels jetables ne sont pas le démon
Celle-là, je la trouve particulièrement intéressante. Oui, bien sûr, les options de produits menstruels réutilisables sont meilleures pour la planète et ton portefeuille sur le long terme, mais elles ne sont pas accessibles à toustes.
Imagine une personne qui n’a pas accès à une machine à laver pour nettoyer ses culottes menstruelles ou même une salle de bain privée pour nettoyer sa coupe menstruelle (une personne en situation d’itinérance, par exemple).
Ou une autre qui reçoit des produits menstruels jetables avec ses sacs de nourriture de la banque alimentaire et qui n’a certainement pas le budget pour s’acheter une coupe menstruelle.
Et c’est 100% valide! Chaque personne menstruée fait son possible selon ses propres ressources et capacités et je crois qu’il faut garder en tête que la valeur d’une personne ne diminue absolument pas parce qu’elle n’a pas accès à des options plus écolos et «à la mode».
4- Non, tes menstruations n’ont pas besoin d’être un moment de repos sacré
Je sais, je sais, je me contredis un peu ici. Je pense que c’est très important de prioriser le repos durant nos menstruations. Par contre, en discutant avec les personnes de notre communauté, je me rends compte que ça peut vite devenir une *autre* source de culpabilité lorsqu’on n’arrive pas à se reposer autant qu’on pense qu’on le devrait.
Et c’est là que ça devient problématique. L’idée, c’est d’y aller graduellement, selon ton contexte de vie. Évidemment, une personne monoparentale avec 2 jeunes enfants et un travail de 9 à 5 n’aurait pas le même accès au repos qu’une personne qui travaille à son compte sans enfant (oui, je suis très consciente de mes privilèges 😉
La première étape, c’est d’abord d’enlever la culpabilité si tes menstruations ne sont pas un moment de repos total. On s’entend que c’est quasi impossible. Ensuite, demande-toi comment tu pourrais te reposer 5 minutes de plus, comment tu pourrais planifier pour que le prochain cycle soit plus doux et à qui tu peux demander de l’aide.
5- Non, tu n’as pas besoin de prendre plein de suppléments et produits naturels pour « guérir » ton cycle
Finalement, j’ai une opinion assez arrêtée là-dessus, surtout que je vois des DIZAINES de publicités chaque jour pour me vendre des produits qui vont soi-disant «guérir mon cycle».
On va mettre quelque chose au clair : non, ton cycle n’a (probablement) pas besoin d’être guéri. Évidemment, je ne parle pas ici des personnes qui vivent un débalancement hormonal ou le SOPK par exemple.
Ton système nerveux a besoin d’être apaisé et, dans 90% des cas, tes symptômes cycliques (qui sont causés par le stress), vont diminuer ou même disparaître.
Et surtout, tu n’as pas besoin de dépenser des centaines (voir des milliers) de dollars pour prendre soin de ton bien-être menstruel. Très souvent, les meilleures solutions sont gratuites ou très abordables.
Je t’invite à garder un regard critique sur les produits qu’on te suggère, sur qui te les suggère et à te demander si «tu en as vraiment besoin».