Une amie m’a raconté qu’une fois elle revenait de vacances avec trois autres de ses ami.es. C’était un long trajet en voiture et la conversation s’est tournée vers le sexe. Une personne a mentionné que l’homme avec qui elle sortait adorait les fellations. Ensuite, mon amie a dit quelque chose sur le fait qu’elle avait eu un orgasme époustouflant quand un cinéaste yogi et elle avaient décidé, de façon consensuelle, de jouer avec la douleur et qu’elle avait été dans un état de bonheur très intense pendant trois jour après. La voiture est devenue silencieuse.

Qu’est-ce qu’elle avait dit? Est-ce que c’était le moment de transe post-expérience?  C’était consensuel, bien sûr, mais elle avait franchi une sorte de ligne invisible. Elle s’est demandé : «Pourquoi les fellations sont un sujet de discussion acceptable, mais une fessée, c’est trop intense même pour des gens ouverts?». La fessée consciente ne pourrait-elle pas exister? Et où peut-on parler de sexualité si ce n’est pas avec des gens avec qui on a confiance? 

Surtout, elle avait honte de ses envies sexuelles «bizarres», elle a intériorisé cela et a arrêté de parler. C’était clair que discuter de certaines de ses aventures sexuelles, même parmi des gens ouverts d’esprit, pouvait être considéré comme «trop».

Quelqu’un dans la voiture a-t-il vécu une rencontre similaire à la mienne qui n’a pas entraîné d’excitation? C’est possible. Était-ce le mauvais espace pour discuter ouvertement de sexe? Peut-être. Mais si oui, où est le bon?

Lorsque qu’on parle de sexualité, c’est possible que de la honte ou de la douleur survienne.


Chaque fois que nous ouvrons la porte à une conversation sur le sexe, il y a une possibilité que la honte ou la douleur survienne, car nous avons affaire à une voûte d’expérience humaine qui a été réprimée pendant des millénaires, entraînant une douleur et un traumatisme de masse. Mais est-ce que ça signifie que nous devons continuer à nous cacher? Non. 

Pour guérir, nous devons réellement commencer à en parler – parler du bon, du mauvais et du laid – dans des endroits sécuritaires et avec des personnes en qui nous avons confiance. Une coach. Une guérisseuse. Dans les cercles sacrés. Avec amour, compréhension et intentionnalité et sans jugement.

La honte sexuelle peut nous empêcher de vivre une vie sexuelle saine, ce qui est une excellente raison pour y faire face. Mais nous l’amenons souvent dans d’autres domaines de la vie aussi! Notre honte sexuelle refoulée peut apparaître dans les amitiés, certaines conversations peuvent déclencher des émotions fortes en nous. Cela peut se manifester sous forme de crampes menstruelles, de problèmes de confiance en soi. La honte sexuelle est souvent un éléphant dans la pièce dans le monde d’aujourd’hui.

Là encore, comme pour chaque étape du processus de transformation, le changement commence par la prise de conscience.

Prendre conscience de la honte sexuelle

Pour pouvoir conserver un espace de prise de conscience autour de la honte sexuelle, tu dois d’abord créer un espace interne sécuritaire. Reconnaître ta honte sexuelle et parvenir à ta propre acceptation interne de tout ce qui peut avoir instillé cela en toi est le point de départ. À partir de là, nous pouvons commencer à traiter les émotions qui sont stockées en lien avec ta sexualité.

Tes blessures fondamentales peuvent apparaître, être reflétées dans ta vie quotidienne, tes relations et tes pensées. Tu peux attirer certaines situations qui déclenchent ta blessure et qui peuvent servir d’opportunités de guérison. N’oublie pas que c’est ainsi que tu sais que ça fonctionne! 

Ce n’est pas une mauvaise chose. C’est productif. C’est vraiment important de se laisser ressentir ce qui émerge et de ne pas avoir peur. Chaque émotion, chaque déclencheur et chaque souvenir qui survient est important. Fais ce que tu dois faire pour être en sécurité, suis ton propre rythme, prends soin de toi. 

Si tu as vécu de nombreuses expériences sexuelles intrusives et non consensuelles ou si tu t’accroches à beaucoup de honte sexuelle, cela peut te sembler une zone interdite. C’est OK. Je te fais confiance pour te faire confiance et y aller avec douceur et bienveillance. Je te fais confiance aussi pour savoir quand t’arrêter si quelque chose te semble trop difficile pour ton système. Savoir quand il faut faire une pause et respirer. Et quand continuer à travailler. Ça demande beaucoup de conscience et de discernement, des compétences que tu cultiveras au fil du temps, dans ta pratique quotidienne et ton travail d’introspection. 

Avancer

Pour moi, faire face à de traumas transgénérationnels et guérir par la douleur qui en résulte dans mon système s’est fait par étapes au fil des ans. En participant à des cercles. En écrivant. En vivant mes émotions. Avec des coachs. À travers mes petits rituels personnels. C’était définitivement une approche globale, et je n’avais pas de plan défini à l’avance. J’y suis allée avec mon instinct. Alors vas-y avec le tien. Prends le temps de ressentir ce qui te convient.

Cultive ta pratique quotidienne. Prends soin de toi sans compromis. Demande de l’aide à un.e ami.e. Prends un bain chaud. D’autres façons de faire circuler  l’énergie qui semble stagnante dans ton corps: pleure profondément, frappe un oreiller, trouve un endroit isolé et crie très fort, secoue ton corps ou danse vigoureusement, écris sans réfléchir tout ce qui se passe par la tête, profite d’une journée au spa. Quoi que tu fasses, laisser les sentiments sortir de ton corps est essentiel.

Et, encore une fois, n’aie pas peur de la profondeur et de l’ampleur des sentiments qui peuvent surgir lorsque tu es en processus de guérison. Considère tout ça plutôt comme une opportunité de récupérer une partie de ton pouvoir. Souviens-toi qu’avant l’acceptation peut venir la rage, la tristesse, la colère et la peur, et tout cela est parfaitement ok 🙂

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