Le 28 mai marque la journée nationale de l’hygiène menstruelle et bien que je crois que ce soit une superbe initiative, je pense que le nom choisi est problématique. D’abord parce que les menstruations sont encore un enjeu tabou, perçues comme étant «sales», «malpropres» et que le concept d’hygiène renvoie à l’idée de «nettoyage», comme si les menstruations étaient quelque chose qu’il fallait nettoyer pour mieux les cacher.
Évidemment, je n’adhère pas du tout à cette proposition et je pense plutôt que les menstruations doivent être célébrées et honorées, pas du tout cachées. Plusieurs organismes et entreprises ont même décidé de retirer le terme «produit d’hygiène menstruelle» de leur contenu en le remplaçant par «produits menstruels» tout simplement 🙂
En 2021, le thème de la journée nationale est «Mettons fin à la précarité menstruelle d’ici 2030».
Définition : qu’est-ce que la précarité menstruelle? C’est la difficulté ou le manque d’accès des personnes menstruées aux protections hygiéniques par pauvreté. La précarité menstruelle a notamment pour origine le coût des produits hygiéniques, qui rend leur accès difficile et a pour principale conséquence l’exclusion des personnes menstruées, dont le décrochage scolaire.
Dans le monde, jusqu’à 500 millions de personnes vivent dans la précarité menstruelle (source).
Je te propose dans cet article 5 actions à poser pour réduire la précarité menstruelle, à petite et à grande échelle.
1. T’informer & ouvrir la discussion
L’étape la plus facile et assurément la plus importante. L’éducation est la porte d’entrée vers la reprise de notre pouvoir et avec le web, c’est maintenant très facile de s’informer sur une foule d’enjeux pour mieux en saisir le sens et la portée. Je t’invite aussi à toujours mettre tes lunettes intersectionnelles et à t’intéresser aux expériences vécues qui sont différentes de la tienne.
Voici quelques organismes et entreprises qui proposent un contenu toujours pertinent en lien avec la précarité menstruelle :
1. Le réseau québécois d’action pour la santé des femmes
2. Mme L’Ovary
3. L’institut santé et société de l’UQAM
4. Victoria Alexander du compte @theelephantinthewomb
Ouvrir la discussion autour de toi est aussi un excellent moyen de sensibiliser ton entourage et ta communauté aux enjeux liés à la précarité menstruelle et les inspirer à prendre action à leur tour.
2. Faire un don de produits menstruels à un organisme
C’est justement Victoria Alexander qui a partagé ce genre d’initiative sur son compte Instagram et j’ai trouvé l’idée géniale!
Plusieurs fois par année, Victoria utilise un pourcentage des profits de son entreprise et de différentes campagne de financement pour acheter des produits menstruels qu’iel redistribue à des organismes œuvrant auprès des femmes et personnes marginalisées dans sa communauté.
Pourquoi ne pas créer toi aussi un projet pour lever des fonds qui serviront à l’achat de produits menstruels?
Chaque petit geste comptent et fait une réelle différence. Si tu ne sais pas par où commencer, mais que tu aimerais quand même faire un don à des organismes œuvrant pour la santé des femmes, le mook Yonity est un superbe projet auquel j’ai collaboré!
3. Envoyer une demande remboursement pour les produits menstruels réutilisables à ta municipalité
Est-ce que ta municipalité figure sur la liste de celles qui remboursent les produits menstruels écologiques? Si oui, merveilleux! Si non, tu peux soumettre une demande en te rendant directement sur le site de ta municipalité.
La précarité menstruelle est liée à un manque d’accès aux produits menstruels et ce type d’initiative vise directement l’accessibilité.
Finalement, je crois qu’il est important de garder en tête qu’il ne faut pas tomber dans un discours culpabilisant face à l’utilisation de produits menstruels jetables. C’est une excellente idée de choisir des produits bons pour notre planète, mais c’est essentiel de garder en tête les ressources de chaque personne et d’encourager des initiatives comme celle des différentes municipalités au Québec.
4. Offrir du temps à un organisme ou un projet
Le temps est une ressource inestimable et je suis consciente que ce n’est pas tout le monde qui peut en offrir pour faire avancer des causes. Néanmoins, si tu ressens l’envie de t’impliquer sur le terrain, faire du bénévolat est une savoureuse idée.
Le bénévolat peut prendre plusieurs formes : l’organisation d’évènements, l’éducation populaire, la création de contenu (ce que je fais présentement avec le RQASF), la participation à des mobilisations, de la recherche, des tâches administratives, bref une foule d’options sont possibles selon tes aptitudes.
Et comme les organismes communautaires sont toujours à la recherche de nouvelles ressources, je t’invite à les contacter directement pour leur proposer ton aide. Tu seras assurément accueillie avec un immense sourire 🙂
5. Écrire à ton.ta député.e pour lui demander de faire avancer le dossier de distribution gratuite des produits menstruels
Les actions individuelles sont un parfait point de départ, mais si on souhaite réellement faire avancer les choses, il faut se faire entendre par le gouvernement.
Une façon simple d’y parvenir, c’est d’envoyer une lettre (ou un courriel) ou même de demander une rencontre avec ton.ta député.e pour lui demander de faire avancer le dossier de distribution gratuite des produits menstruels. Tu trouveras ses coordonnées sur le site de l’Assemblée nationale du Québec.
L’Écosse et la Nouvelle-Zélande sont deux exemples de pays qui ont pris action de façon concrète pour lutter contre la précarité menstruelle et il n’y a aucune raison pour laquelle le Canada ne pourrait pas s’ajouter à cette liste.
En terminant, j’aimerais te rappeler encore une fois que chaque petit geste compte et que tu as le pouvoir de prendre un engagement dès maintenant, selon tes propres ressources, pour améliorer le bien commun.
Si la question de l’action individuelle VS collective en lien avec les enjeux menstruels t’intéresse, je t’invite à écouter mon épisode de podcast à ce sujet.