J’étais assis sur une terrasse, je me rappelle que ma peau était chaude, malgré la fraîcheur de la soirée. J’avais passé la journée à me prélasser sous le soleil à la plage, j’étais doré et j’avais fait le plein de vitamine. Mes points de rousseurs étaient sortis et je me trouvais belle, les cheveux fous, salés par la mer. J’étais bien. La journée avait été bonne et j’avais le goût de vivre qui me transperçait le corps. La cigarette au bout de mes lèvres, mon verre de vin à la main, je discutais avec mes voisins de chambre. La lune nous éclairait et les rires résonnaient à travers les immeubles de la ville. Cette soirée était l’une des plus plaisantes depuis que j’avais déménagé dans ce pays. J’avais envie de m’amuser, de dire tout ce qui me passait par la tête, de flirter, de danser et de rire aux éclats. J’avais envie qu’à côté du mot bonheur dans le dictionnaire, on retrouve le mien.
Il est arrivé, avec un verre à la main et me l’as offert. C’était la première fois que l’on m’offrait un verre pour jaser. Jamais avant, chez moi, je n’avais été le type de fille à qui l’on offrait un verre. J’ai accepté de jouer le jeu, de me laisser charmer et d’accepter les compliments. J’avais du plaisir, à effleurer mes doigts sur ses bras, à me laisser replacer les cheveux et de me faire dévorer des yeux. Ça faisait du bien à mon ego, à mon estime personnelle. J’avais le sourire étampé, chose qui n’était pas arrivée dans les dernières années.
Avec les autres, on à décider d’étirer le plaisir en allant dans un petit bar près de la plage, pour continue notre soirée exotique. La flamme en moi était loin de vouloir s’éteindre. En route vers le bar, on se tenait la main, on courrait, on se cachait, on riait, nos lèvres se désiraient, mais n’osaient pas encore s’abandonner, il fallait faire durer le plaisir. Arrivé au bar, on a dansé, toute la nuit, littéralement. On a ri, on a enchaîné les verres avec les autres, on avait tous du plaisir et l’on se laissait bercer par la musique. Je dansais avec mes amis, avec lui, avec d’autres, mon corps avait abandonné tout son mal-être et l’euphorie s’en était emparée.
Sur le chemin du retour, nous avons, lui, moi et les autres, décidé de terminer la soirée près des vagues, question de faire perdurer la magie. Je m’étais abandonnée au son de l’eau, je respirais l’air salin et j’étais tellement heureuse à ce moment. J’étais satisfaite d’avoir changé de pays, de m’être donné une seconde chance. Il n’arrêtait pas de me dire à quel point j’étais belle et ô combien je resplendissais de bonheur. Mon cœur s’est senti enveloppé de chaleur, de bien-être. J’ai voulu le remercier de me faire ressentir toutes ces belles émotions en lui donnant un baiser pour remplacer les mots qui n’arrivaient pas à sortir. Puis, nous sommes restés seuls assis dans le sable. Après notre baiser, les mots sont venus, la conversation a perduré et j’avais l’impression de flotter.
Le soleil se levait, je lui ai fait part qu’il faudrait rentrer, car la fatigue commençait à se faire sentir. À ce moment, il m’a embrassé et a commencé à vouloir retirer ma camisole. J’ai ri un peu, mais j’avais vraiment envie de rentrer alors, j’ai répété qu’il faudrait y aller, sauf qu’il ne voulait pas rentrer. Il voulait que son investissement lui rapporte quelque chose. Il n’avait pas passé la soirée à m’offrir des verres, danser avec moi et discuter pour rien. J’avais une dette pour le bonheur qu’il m’avait procuré. Je lui devais quelque chose en échange de son temps offert, son temps si précieux à me complimenter et me faire sentir bien attirante et épanouie. Il me l’a bien fait comprendre lorsqu’il a, de manière plus insistante, essayé une deuxième fois, de descendre ma camisole. À ce moment, j’ai moins ri et je l’ai remercié pour la soirée, mais qu’elle se terminait maintenant.
Ça s’est fait si vite. C’est peut-être parce que j’avais bu trop d’alcool, c’est peut-être parce que j’avais effleuré mes doigts à trop de reprises sur les siens, c’est peut-être parce que je l’avais embrassée. C’est peut-être aussi à cause de mon rire ou ma joie de vivre ce soir-là. C’est peut-être à cause de tout ça que je me suis retrouvé la camisole à moitié descendue, la poitrine à l’air, et la culotte dans le sable avec une main qui m’empêchait de respirer.
Il était 6 h du matin, le son des vagues et le lever du soleil étaient présents pour me distraire alors qu’il récupérait son dû. Je suis resté à cet endroit après qu’il soit parti dans le silence, me demandant ce qu’il venait de se passer. Est-ce qu’à un moment j’avais accepté d’avoir cette relation sexuelle ? Je devais avoir dit oui, d’une manière ou d’une autre, même si je n’avais pas dit les mots, mon corps avait dû dire oui. Je repassais la soirée dans ma tête, le premier verre, les sourires, le flirt, les rires, les mains qui se touchent, le baiser, les discussions. À aucun moment, aucun, je n’avais émis l’envie de faire l’amour, de le laisser voir mon corps entier, mais c’est arrivé quand même. Parce qu’il en avait envie. Parce qu’il avait décidé qu’il avait le droit. Après tout, j’avais agi comme une fille qui le voulait.
Texte par Roxanne Dupont
Pour suivre Roxanne