Entrevue avec Isabelle Deslauriers de Désirables

Entrevue avec Isabelle Deslauriers de Désirables

 

J’ai découvert Isabelle (et ses magnifiques jouets érotiques aka oeuvres d’art) avec cet article et j’ai tout de suite su qu’avec les valeurs de nos entreprises, c’était pratiquement un match parfait ! J’ai eu envie d’en savoir plus sur son parcours et ses défis d’entrepreneure, sa vision de la reprise du pouvoir sexuel et les 3 chansons qui la mettent dans le mood à tout coup 😉 

 

 

1- Quand as-tu lancé ton entreprise Désirables et comment était ta vie à ce moment-là?

Le projet derrière Désirables a démarré près de 2 ans et demi avant le lancement de la compagnie. C’est à partir de mon projet final d’étudiante en Design Industriel que j’ai bâtit les produits qui m’ont amené à lancer Désirables. Honnêtement, à cette époque ma vie personnelle était en lambeaux. J’étais malheureuse dans une relation depuis près de 4 ans, sans vie sexuelle depuis 3 ans et mon estime de moi en tant que partenaire était aussi à son plus bas.

Pour moi, c’était oui un projet scolaire, mais aussi une occasion inespérée de découvrir comment rallumer le désir dans mon couple ainsi que de me réapproprier mon corps. J’ai lancé Désirables en 2013, suite à 2 années de travail universitaire sur le projet. Mon projet d’entreprise a probablement été ma bouée de sauvetage qui m’a permis de garder la tête hors de l’eau pendant les dernières années d’une relation malsaine.

 

 

2- Comment te décrirais-tu et qu’est-ce qui t’inspire à faire ton travail?

J’ai toujours été quelqu’un qui était à l’aise de faire des blagues grivoises, sans jamais parler de ma propre vie érotique. Je suis une personne passionnée qui s’implique corps et âme dans ses projets et qui adore travailler en équipe. Un des traits qui me décrit le mieux est je crois le terme “fille d’entrepreneur”; mon père ayant bâtit son entreprise depuis mon plus jeune âge, j’ai toujours eu la “fibre entrepreneuriale”. Je suis aussi très curieuse, j’adore découvrir de nouveaux sujets et l’érotisme/sexualité humaine est un domaine dans lequel je peux apprendre de nouvelles notions tous les jours.

 

J’adore travailler avec des artisans québecois et mettre à profit mes talents de designer industriel. Toutefois, ce qui m’inspire à chaque fois à me relever les manches lorsque les temps se font durs, c’est de penser à 3 problèmes majeurs que j’ai décelés dans l’industrie des jouets érotiques :

  • Le manque d’éthique de la part des manufacturiers
  • La présence de matériaux toxiques, non-hygiéniques et parfois même reconnus comme cancérigènes dans les jouets pour adultes
  • Le manque de représentation féminine dans une industrie dominée par des hommes

 

 

3- Quelles sont selon toi les mythes les plus répandus à propos de la sexualité & du plaisir?

  • Que la sexualité et la passion devraient être naturelles et automatiques. Je crois que les films romantiques y sont pour beaucoup dans la création de ce mythe. La pluplart des gens croient que le désir sexuel est quelque chose qui est naturel, alors qu’il faut du travail pour conserver le désir sexuel dans une relation lorsqu’on a passé le moment de “la lune de miel”.

 

  • Si les produits sont vendus en magasin/pharmacie, c’est qu’ils sont sécuritaires ou bons pour moi. L’industrie érotique est probablement l’une des moins réglementée, ce qui donne comme résultat la présence de produits nocifs sur le marché. Par exemple, la majorité des lubrifiants présents en pharmacie sont dommageables pour les muqueuses du vagin et augmentent les chances d’attraper des ITSS.

 

 

4- Que veut dire pour toi la reprise du pouvoir sexuel?

Pour moi, c’est surtout la reprise de son corps, reprendre contact avec ses besoins et ses désirs propres. C’est aussi se détacher des stigmas imposés par la société chrétienne/patriarcale associés à la sexualité. Bien souvent, un sentiment de honte survient lorsque l’on cherche à s’épanouir sexuellement.

Dans une société où l’on a appris à nos jeunes filles que leurs parties génitales étaient sales et qu’il était inapproprié de se masturber, beaucoup de femmes sont honteuses de partager leurs désirs et leurs besoins à leur partenaire. Savoir prendre la parole et verbaliser nos attentes à notre partenaire est une partie essentielle de la reprise du pouvoir sexuel.

 

 

5- Peux-tu nous expliquer la différence selon toi entre l’érotisme et la sexualité?

J’ai l’impression que les gens s’arrêtent plus souvent à la sexualité qu’à l’érotisme. Pour moi, la sexualité c’est tout ce qui à trait aux organes génitaux et aux organes reproducteurs. L’érotisme, pour sa part, renvoie au plaisir reliés aux cinq sens ou à l’imaginaire (fantasmes et mémoires). Voici un petit graphique que j’avais préparé lors de ma recherche dans le projet Design et Intimité.

 

 


6- Qui sont les gens qui t’inspirent dans le monde des jouets sexuels/la sexualité?

Lors de mes recherches initiales, j’ai découvert 2 entreprises fondées par des designers industriels : Crave et JimmyJane. On pouvait constater dès le premier regard que les designers avaient vraiment pris soin de créer des produits adaptés pour leurs clients et qui offraient une qualité irréprochable.

 

Je me suis aussi beaucoup inspirée de l’industrie de la lingerie haute gamme. C’est une industrie très proche des jouets érotiques, mais qui est beaucoup plus acceptée socialement. Depuis quelques années, beaucoup d’entreprises de jouets érotiques on été fondées par des femmes inspirantes. En voici quelques-unes:

  • Miss VV (la seule autre entreprise à Montréal qui fabrique des jouets érotiques)
  • Unbound (magazine en ligne qui produit aussi sa propre ligne de jouet érotique et qui a fondé le groupe Women of Sex Tech)
  • Spectrum Boutique, une de nos revendeur qui a une énergie contagieuse et qui ose tous les jours.

 

 

7- Quel est ton plus gros défi en tant qu’entrepreneure?

Les défis varient avec les saisons je vais t’avouer, pendant longtemps mon défi a été de balancer ma vie personnelle et l’entreprise. J’ai longtemps mis Désirables avant tout autre relation. Un de mes défis constant est d’arriver à prendre du temps pour moi, des vacances et du recul, sans culpabiliser sur le fait de ne pas être en train de travailler sur mon entreprise. Mon défi pour la prochaine année : mieux planifier mon temps afin de lancer Kaolii, une compagnie soeur à Désirables qui se spécialisera en produits hypoallergéniques pour la réadaptation pelvienne.

 

 

8- Quel est ton mot préféré pour parler de la vulve/du vagin

Va-jay-jay

 

 

9- Ton top 3 des chansons qui te mettent dans le mood?

Oh my god ca va être quétaine ca, je m’en excuse ahaha !

 

 

Pour retrouver Isabelle, c’est par ici :

 

 



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